Noms de famille… un peu de féminité

Patronyme et orthographe

Les noms de famille sont nés du langage parlé, il y a environ 800 ans en France (vers le XIIe siècle). Ils ont subi de nombreuses évolutions dues à la prononciation, à la langue de l’époque et au patois.

Le scribe avait parfois une interprétation toute personnelle des noms. C’était d’autant plus fréquent lorsque l’une des parties concernées n’était pas originaire de la paroisse. 

Le patronyme n’a pas eu d’orthographe figée jusqu’à une période récente : la création du livret de famille en 1877 et le développement de l’alphabétisation fin XIXe – début XXe siècles.

Le généalogiste est habitué à en décrypter les différentes formes.

La féminisation des noms de famille

Voici une pratique assez peu courante en Touraine mais fréquente dans d’autres régions comme dans le Berry par exemple, qui peut dérouter le chercheur : la féminisation des patronymes.

Parfois, les curés accordaient les noms de famille au genre du porteur. C’est ainsi que se développent des variantes d’un même patronyme. Il se déclinait différemment lorsqu’il était porté par un homme ou par une femme.

Ainsi, pendant les premières années de son ministère, Jehan BOURDAYS, curé de la paroisse de St-Jean de Langeais pendant près de 40 ans (1605 à 1643), féminise les noms de famille de ses paroissiennes :

  • Le 14 décembre 1605, Jehanne GOUFFIER est baptisée. Sa marraine est Urbanne BOURRELLE fille de feu René BOURREAU.

    A noter par ailleurs, qu’il ne désigne la mère de l’enfant que par son seul prénom Loyse… Pratique qu’il aura aussi pendant quelques années.
Féminisation des noms de famille et acte de baptême de 1605
Baptême de Jehanne GOUFFIER : la marraine Urbanne BOURRELLE est la fille de feu René BOURREAU - Langeais paroisse St-Jean, 14 décembre 1605 - Archives d'Indre-et-Loire - 6NUM7/123/004 - Vue 19

Autre exemple, le 12 juillet 1607, à Langeais dans la même paroisse de St-Jean :

  • Le prêtre DAMARRON qui remplace le curé BOURDAYS ce jour-là, en fait autant.

    C’est ainsi que la mère de l’enfant, Philippe DOUYNEAU a été renommée Philippe DOUYNELLE. En l’occurrence cela nous permet aussi de savoir que Philippe est une femme…

Féminisation des noms de famille et acte de baptême de 1607
Baptême de Jehan FOURNEAU fils de René et de Philippe DOUYNELLE – Langeais paroisse St-Jean, 12 juillet 1607 - Archives d'Indre-et-Loire - 6NUM7/123/004 - Vue 28

Enfin, à une période beaucoup plus récente, à Chambray, lors du mariage de son fils René, mon ancêtre Louise LE BON / LEBON (1789 – 1853), s’était vue renommée Louise BONNE.

Féminisation des noms de famille et acte de mariage de 1846
Extrait pour Louise BONNE. Mariage de son fils René VOUTEAU à Marguerite BASSEREAU, le 30 juin 1846 à Chambray-les-Tours - Archives d'Indre-et-Loire - 6NUM8/050/007- Vue 63

Et vous, avez-vous trouvé des cas de féminisation des noms de famille ?

 

Article écrit pour le Centre Généalogique de Touraine en 2020.

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